Feuilles et esprits trempés.

Le nez dans mon livre, je marchais tranquilement sur le sentier menant à la forêt. J'étais allée au village m'acheter de quoi me nourrir et faire du thé, puis j'ai été voir le libraire pour qu'il m'échange mon livre pour un autre. Celui que je lisais présentement était sur les contes et légendes d'à peu près toutes les races. J'en conaissais déjà plusieurs, mais bon, cela me faisait quelque chose à lire.

Je marchai ainsi durant une bonne vingtaine de minutes, j'allais bientôt arriver chez moi. J'étais tant absorbée par mon livre que je me pris le pied dans une racine et m'effalai de tout mon long sur le sol, me cognant la tête par terre. Je me relevai, toujours assises sur l'herbe froide, et frottai le derrière de ma tête. Je n'étais pas blessée. Je levai les yeux vers le ciel: de gros nuages gris l'enveloppaient déjà. J'en supposai donc qu'il allait se mettre à pleuvoir.

Je me tournai, de façon à être à quatre pattes sur le sol, tel une bête, de façon à ramasser mes effets personnels qui s'étaient étendu un peu partout autour de moi pour les remettre dans ma besace. Je pris mon livre en premier et le frottai avec ma main pour retirer la terre qu'il y avait dessus. Je soupirai alors en appercevant mon pain trempant dans la boue.

Ce sont les premières gouttes de pluie qui m'ont réveillé. Ça m'arrivait rarement de perdre les pédales comme ça. Habituellement, je me contrôle mieux. Cette nuit, j'avais perdu plus que mon contrôle; j'avais aussi perdu ma force. Je me sentais plutôt vulnérable et je n'avais pas mon arc.
Aussi bien rester en Drow. Au moins, les gens normaux ne m'approcheront pas.
Je me levai et tenta de reperer une sortie à cette forêt. Je passais mes doigts sur les feuilles à peine humide de cette faible averse, marchant vers ce que je croyais être le sud.
J'adorais m'entendre marcher. Peut-être suis-je trop étrange et égocentrique, mais le bruit de mes pas me rappelle que je suis bien en vie.
Cric. Crac.
Les branches craquaient au passage de med pieds, créant une fraîche mélodie en synergie avec la pluie. Tout en marchant, je me sentais comme en transe.
Ça m'arrivait souvent quand je me transformais en Drow. Je perdais la tête jusqu'à en souffrir. Parfois, je me disais que pouvoir me transformer ainsi était un don du diable, même si je savais que c'était Elki, qui m'avait fait cadeau d'un pouvoir aussi grandiose afin de ramener la paix entre les Elfes.
COmment est-ce que je devais faire ça moi?

Bon et puis tant pis pour le pain, il y avait sûrement une bête quelque part dans cette forêt qui trouverait tout de même le moyen d'avaler ça. Je ramassai donc le reste de mes affaires, les mis dans mon sac, que je remis aussitôt en bandoulière autour de mon cou, puis me levai. J'essuyai rapidement mes genoux et mes vêtements.

Quelques gouttes de plui commencèrent à tomber. Seulement de petites gouttelettes, rien de bien méchant quoi. Je décidai donc d'activer le pas pour arriver le plus vite que possible chez moi, ne tenant pas à ce qu'une averse me tombe dessus. Sans compter qu'il allait sûrement y avoir un orage, et que j'avais horreur du tonerre et des éclaires.

Je commençai donc à marcher, plus vite que tout à l'heure, et sans lire comme je l'avais fait tout à l'heure, ne tenant pas à tomber dans la boue à nouveau. J'entendis soudain le bruit de branches se faisan écraser un peu plus loin. Je cessai de marcher. Ce n'était pas le bruit habituel que faisait les animaux en écrasant quelque chose, j'en déduis donc que c'était un être humain qui se tenait là-bas. C'est étrange, je croisais rarement des gens ici. Le plus silencieusement que possible, tentant de ne faire aucun bruit, je me plaquai dos à un arbre, attendant que l'individu s'en aille. Normalement, je ne me serais pas cachée, pas je n'avais pas mon épée sur moi, et je ne voulais pas prendre de chance.

Étonnament, les Drows ont une vue bien meilleure que celle des Elfes. Je n'avais pas encore saisis pourquoi, mais je le savais. D'ailleurs, j'avais aperçu une petite fille à l'allure étrange pas très loin.
Crac. Crac.
J'adorais entendre ce bruit, mais la fillette ne semblait pas de cet avis. Il alla aussitôt se cacher.
Je me mis à rire. Ce qu'elle était marrante, la gamine! Je m'approcha d'elle. Je sentais son coeur battre de l'autre côté de son arbre. Je m'amusai à faire le plus de bruit possible. Je manquait cruellement de divertissement.
"-Usieva vel'bol Usstan orn xun h'uena Usstan orn inbal atsar dos?
Usstan talinth Usstan orn ust cal dosst ivress, t'yin dosst haren..."
Je la saisis par le bras. Ce qu'elle devait être tétanisée, la petite.

Resaisis-toi, Rath'Argh. Tu travailles pour Elki, un dieu du Bien, pas un dieu de miséricorde. Alllez, arrête de lui faire peur.

La personne s'approchait de plus en plus de moi, ses pas se faisait de plus en plus bruillants. (C'est à croire qu'elle faisait exprès) Je tentai de retenir ma respiration. Mon intuition me disait que ce n'était pas un humain du village d'à côté. Les Terres les plus proches étaient celles des Elfes, mais ce ne pouvait être un Elfe, ces être étaient bons et pacifiques, s'appercevant qu'il m'avait fait peur, il serait vite venu me voir pour me dire qu'il n'y avait rien à craindre. Ce ne pouvait pas être une Fée non plus. Ni un Faune ou un Satyre, ce n'était pas le bruit d'un sabot que j'entendais.

C'est en entendant ses paroles que je compris que c'était un Drow. Après la mienne, c'était l'une des des langues que je conaissais le plus. Je me rendis vite compte que son seul et unique but était de m'effrayer car, de ce que j'en savais, les Drows ne se nourrissaient pas d'Humains. Du moins, je l'espérais de tout coeur.

- Dos orn naut, Usstan zhaun. Ilythiirin xuat cal rivvil. Usstan tlun naut stre d' dos! dis-je avec un léger trémolo dans la voix.

J'espérais ne pas m'être trompée, je n'avais pas pratiquer cette langue depuis un bout déjà. J'avais légèrement menti car, d'un côté, oui, j'avais peur. Après tout, ce sont des gens de sa race qui avaient assassinés mes parents. "Ah, si seulement j'avais mon épée!" pensai-je avec désespoir.

J'étais épaté. La fille parlait très bien le Drow! Mais comment avait-elle appris à le parler? Même moi, cela m'avait pris plus d'un an pour apprendre à le parler aussi bien.
Au moins elle n'a pas peur. Tu imagines ce que tu aurais pu faire, comme dégâts? Pense avant d'agir la prochaine fois, idiot!
"-Lu'oh xunus dos screa ulu telanth Ilythiiri? Ol zhah mzilt less funny ka dos kampi'un vel'bol Usstan telanth."
Je pris une pause. Je ne voulais pas qu'elle croit que je ne parlait que le Drow. Ele allait croire que les Drows sont bêtes!
"-Quel âge avez-vous, jeune demoiselle?"
Je relâcha mon étreinte autour de son bras et lui fit un sourire amical.
N'en mets pas trop quand même. Ta mission est de réunifier le peuple elfique, pas de fraterniser avec de simples humains.

Les cheveux de l'Elfe étaient bleus foncés, je m'attendais pourtant à voir une chevelure blanche sur le dessus de sa tête. Apparemment, les Elfes Noirs pouvaient avoir plusieurs couleurs de cheveux. (Détail impertinant) Je n'osai croiser son regard, quand j'étais petite, Papa disait de ne jamais regarder les inconnus dans les yeux, alors encore moins un Drow. J'inspirai nerveusement.

- J'ai appris avec l'aide des livres. Et j'ai 16 ans, répondis-je.

Je gardai tout de même mes distances, car je ne pouvais avoir une totale confiance en l'homme qui se dressait devant moi, malgré le fait qu'il ne m'avait pas l'air mauvais du tout. Les images de l'attaque dont j'avais été témoin lors de mes 6 ans me revinrent à l'esprit, je fis automatiquement un pas vers l'arrière.

Il pleuvait toujours. Il commençait à pleuvoir de plus en plus. Je levai les yeux vers le ciel qui devenait de plus en plus nuageux. J'échappai un hoquet de surprise lorsqu'un premier coup de tonerre retentit. Ma respiration devint plus saccadée, mais je tentai de ne pas la montrer à l'inconnu qui était en ma compagnie. Il n'avait pas besoin de savoir que j'avais horreur des orages.

Il pleuvait de plus en plus et je ne tenais pas à être mouillé. De plus, je ne pouvais pas retourner chez les Elfes. M'ayant vu sous ma forme de Drow, ils m'ont tout simplement radier de leurs villages.
Je devais m'en aller. De toute façon, cette fillette avait beau être incroyablement brillante, je n'avais rien à faire d'elle. Je lui fis un signe de main discret signifiant que je m'en allait, puis je partis en courant.
Une fois hors de son champ de vision, je me cacha derrière un arbre et repris ma forme initiale. Ainsi, je pourrais plus facilement me trouver un logement dans un village humain.
Une fois arrivé à l'extérieur de la forêt, je jugea être à Orchys. Une odeure fraîche et typiquement humaine traversait la ville en entier.
Aussitôt arrivé sur la place centrale, je me mis à chercher un logis suffisament confortable pour Kevward Wolfsbane. Après tout, je n'étais pas n'importe qui!
La pluie tombait toujours plus drue, a telle point que je dû me résoudre à aller habiter dans le seul endroit qu'il m'était advenu de voir. Je payai l'homme et alla m'installer sur mon lit.
Qu'est-ce que je fais, maintenant? Les Elfes ne veulent plus de moi! COmment vais-je pouvoir réunifier mon peuple?
Dois-je réussir à rendre les Drows meilleurs afin de les faire accepter par mes confrères? Ah, si seulement je pouvais être un homme normal!

Prochain post: Orchys

Je fus légèrement soulagée lorsqu'il partit enfin. Je crignais que cette rencontre tourne mal. Je me dépêchai vite à rentrer chez moi, car la pluie devenait de plus en plus forte. Je courrus, faisant attention de ne pas glisser ou de m'enfarger comme tout à l'heure.

Je vis enfin ma petite, très petite cabane se dressée au loin. Je m'y rendis rapidement et entrai pour me protéger de l'orage. C'était une cabane de bois qui n'était pas de très bonne qualité, pour verouiller la porte, je devais attacher une corde à la poignée puis l'enrouler autour d'une planche de bois mal clouée qui servait de mur. (Bref, cette cabane était faite de nombreuses planches de bois rassemblées ensemble pour former un misérable petit abrit.) J'attachai donc la corde le plus solidement que possible, de désirant pas que le vent la fasse ouvrir et laisse l'eau pénétrer à l'intérieur, même si, en fait, elle pénétrait déjà légèrement par le toit.

Dans mon chez-moi se trouvait quelques meubles, soit: un lit, une table, deux chaises, une commode, une table de chevet, un semblant d'endroit sur le sol où faire un feu et un miroir. Dans mes quelques espaces de rangements se trouvaient quelques effets personnels que j'avais trouvé la moyen de m'acheter... et certains que j'avais malheureusement volé. Disons que ma capacité d'arrêter le temps m'était utile, mais je n'aimais pas voler, je n'y avais recours que lorsque je n'avais pas d'autres options.

Je pris la couverture sur mon lit puis allai m'asseoir sous la table, accotée au mur. J'étais comme une petite fille, effrayée des orages. J'entourai mes épaules de la couverture et attendit patiemment que la température se calme, sursautant à chaque coup de tonerre.

Lorsque la pluie cessa, je sortis de sous la table de replaçai soigneusement la couverture sur mon lit. Je sortir une serviette et un peigne de ma commode et allai devant le mirroir. J'absorbai l'eau de mes cheveux du mieux que je pus, puis tentai de les peigner. Je rangeai mes choses dans ma commode et en sortit un chaudron d'acier, puis allumai un petit feu malgré l'humidité. Je versai le contenant de ma gourde dans le chaudron et fit chauffer l'eau, pour ensutie y mettre la poche de thé que je m'étais achetée. Au bout de quelque minute, je versai le tout dans un vieille tasse et en bû le contenant pour me réchauffer, étant donné que je tremblais de tous mes os.

Lorsque j'eus fini, je nettoyai ma vaisselle avec un linge puis la rngeai dans ma commode, et cherchai du regard un livre en particulier. Je finis enfin par le trouver. Je le pris et l'essuyai du revers de la main. "Les Drows". Je m'assis dans mon lit et entamai la lecture de ce livre à nouveau.

Sans m'en rendre compte, je m'étais assoupie en lisant mon livre. Je me redressai en m'étirant, puis me levai du lit. Il recommençait à faire beau dehors, autant sortir prendre l'air que rester enfermée dans cette cabane humide.

Je pris mon livre ainsi que quelques autres qui étaient plus vieux, ma gourde presque vide ainsi qu'un peu d'argent, puis mis le tout dans mon sac que j'enfilai. Je passai devant le mirroir, coiffai rapidement mes cheveux avec mes doigts puis sortis dehors. Il y avait un peu de vent, ce qui me rafraîchit énormément. J'inspirai une grande bouffée d'air, puis entreprit ma marche jusqu'à Orchys.

En marchant, je commençai à prévoir ce que j'allais faire aujourd'hui: aller à la librairie pour tenter de convaincre le libraire d'échanger mes vieux livres contre de nouveaux (depuis le temps, il ne savait me dire non), aller lire un peu dans le parc puis aller chercher de l'eau dans le puit pour ensuite rentrer.

Suite à Orchys.